Heroes of the Dorm : Histoire et évolution de l'eSport... chez les étudiants

Zhem | 15/11/2016 à 14h59 - 1

À la BlizzCon, et depuis une semaine sur YouTube, Blizzard a diffusé un documentaire sur Heroes of The Dorm appelé : A new Hero ou Un nouveau héros. Mais, Tyler Rosen et Adam Rosen (les Brosens), qui s’occupent de promouvoir l’eSport des jeux Blizzard, ont présenté le film comme étant bien plus qu’un documentaire sur la compétition universitaire de Heroes of the Storm.

Lorsqu’ils ont commencé l’aventure Heroes of the Dorm, leur objectif était de promouvoir l’eSport à une nouvelle audience au travers des universités. Les Brosens ont produit le film comme une présentation de l’eSport au travers de cette événement, avec la volonté de montrer son évolution et rendre fier chaque joueur.

Cet article a pour but de faire une critique du film, afin de permettre une meilleur compréhension de cette événement américain et de présenter l’eSport à ceux qui s’y connaissent moins. L'analyse est juste après le film. Si vous ne l’avez pas encore vu, le voici, il est anglais mais vous pouvez activer les sous-titres.


Historique de l’eSport

Le film démarre sur des dates clés de l’univers eSport : 1958 l’un des premiers jeu créé par William Higinbotham (Tennis for Two) et 1972 la première compétition sur des systèmes électroniques à l’université de Stanford. Le jeu au centre de ce tout premier tournoi en réseau local (LAN) était Spacewar. Il se jouait à deux ou plus, chaque joueur pilotait un vaisseau et devait abattre celui des adversaires. Le premier prix était un abonnement au magazine Rolling Stones. Stewart Brand était journaliste dans ce magazine (copie de l’article sur l’événement publié en 1972) et c’est lui qui était à l’origine de ce projet. Son but était de montrer le potentiel des systèmes informatiques et électroniques pour libérer la créativité et changer la société. Ce potentiel n’est plus à démontrer de nos jours. En mai 2016, ce même magazine publia le souvenir de Stewart Brand de ce phénomène 44 ans plus tard.  N’hésitez pas à le lire, il est très instructif sur l’univers vidéoludique et informatique de l’époque.

Aujourd'hui, les compétitions de jeux vidéo ont bien évolué, et elles sont même regroupées sous un nom : eSport. Ce terme, qui est une contraction de l’anglais “Electronic Sports”, regroupe la pratique en ligne ou en réseau local d’un jeu vidéo de manière compétitive. Les LAN comme celle de 1972 ont pris leur envol et sont bien plus nombreuses, qu’elles soient immenses comme la BlizzCon ou les différentes éditions de la Dreamhack, ou plus petites comme les Hearthstone Cafés près de chez vous. Cette évolution est due à plusieurs choses mais la plus importante est le développement d’internet. Mark Cuban (Propriétaire des Dallas Maverick une équipe de basket-ball) et Emmet Shear (PDG et fondateur de Twitch) en parlent dans le film. Mark Cuban raconte d’abord les prémices du “multijoueur, deux joueurs l’un à côté de l’autre avec les GameBoys par exemple”.  Depuis internet, il est possible d’affronter un adversaire sans avoir besoin d’une proximité physique, et le multijoueur a connu un essor exceptionnel, créant ainsi les compétitions et l’eSport. Mais la disparition des distances n’est pas le seul argument. L’arrivée d’internet a permis de suivre et regarder les compétitions, notamment grâce à Twitch lancé en 2011. Mesurer l’audience des jeux sur cette plateforme est un excellent moyen de voir l’évolution des événements eSport. Il suffit d'observer les records d’audience des championnats du monde de League of Legends pour le comprendre : 

  • Saison 1 en 2011 : 210.000 spectateurs;
  • Saison 2 en 2012 : 1,1 million spectateurs;
  • Saison 3 en 2013 : 8,5 millions spectateurs;
  • Saison 4 en 2014 : 11 millions spectateurs;
  • Saison 5 en 2015 : 14 millions spectateurs.

Depuis 2011, le nombre de spectateurs (pas seulement sur Twitch pour les derniers événements) n’a fait qu’augmenter, mais cela s’explique aussi par une hausse du budget pour la promotion et l’organisation de ce genre d’événements. Les gains (cash prize) sont aussi un marqueur important de l’évolution des compétitions. Rapidement, et toujours sur League of Legends, la première saison avait une cagnotte de 100.000$ et celle de 2016 était de 5 million $. Il serait possible de citer DOTA 2 et la cagnotte du dernier The International (championnat du monde) à 20 millions $ (grâce au financement participatif et achat en jeu), un record. Mark Cuban soulève un point accessible grâce au partage sur internet : les joueurs deviennent des stars que l’on copie. Pour lui, l’avenir de l’eSport passera par là. En effet, pouvoir regarder et apprendre des meilleurs aide grandement à la popularité d’un jeu. 

Selon Dan “Artosis” Stemkoski,  et Emmet Shear, l’engouement pour l’eSport est en constante augmentation “depuis 5 à 10 ans”. Nous pouvons leur faire confiance, le premier est un célèbre commentateur de StarCraft et de l’Heroes of the Dorm 2016 et le second étant PDG du premier site de diffusion de jeu vidéo en direct, ils sont en première ligne pour voir l’évolution des audiences. Mark Cuban dans sa dernière apparition dans le documentaire prévoit que l'expansion ne s’arrêtera pas avant un moment.


Heroes of the Dorm

Tout cela nous mène à l’événement au centre du documentaire Heroes of the Dorm. L’événement a été mis en place par Blizzard et Tespa , une entreprise fondée par les Brosens et Chris Kelly qui pour but de promouvoir l’eSport dans les milieux universitaires, en aidant les associations étudiantes et en organisant des tournois. La compétition a été lancée la même année qu’Heroes of The Storm, en 2015, Blizzard y voyait un moyen de présenter leur nouveau jeu. Il a été le plus gros événement eSport dans les universités dont une partie, à partir des demi-finales, fut diffusé en direct sur la télé par la chaîne ESPN2. Le réseau de diffusion d’événements sportifs avait déjà tenté l’expérience eSport en proposant The International  (championnat du monde du jeu DOTA 2) en streaming sur ESPN3. Heroes of the Dorm était la première fois qu’un tel événement était diffusé sur la télé. Évidemment, il y eu de nombreuses critiques pas très accueillantes, certains se demandaient ce qui se passait dans la tête de ESPN pour diffuser ce genre d’événement. Mais d’autres ont bien aimé voir ce genre de contenu et, avec surprise, d’y accrocher.

Heroes of the Dorm est donc une compétition eSport sur le jeu Heroes of the Storm. En 2016, ce n’était pas moins de 482 universités avec chacune leur équipe qui ont participé à l’aventure. Le prix pour les vainqueurs était une bourse complète pour les études. Rappelons au passage que le système universitaire américain a un coût énorme pour les étudiants et leur famille, ce n’est pas pour rien que Shot tombe en larmes après avoir remporté la finale. Rien que cette aide financière est une énorme récompense pour les joueurs.

Artosis a présenté l’événement comme un endroit où les jeunes étudiants peuvent voir ce qu’est un environnement professionnel dans le jeux vidéo. Avec leurs études, il leur est plus difficile de contester le top de la scène eSport contre des équipes professionnel, soutenues par une structure et qui s’entraînent 5 à 6 heures par jour. Anna Prosser Robinson, consultante eSport mais aussi maître de cérémonie dans différents tournois, parle aussi de faire quelque chose qui plaît aux étudiants, de rencontrer des personnes et “de se consacrer à une choses qui pourrait financer leur études”.


eSport, étude et vie sociale

Parlons justement de ces joueurs, nous en voyons quatre en particulier : Michael “MichaelUdall” Udall, Daniel “DanLeeFor3”  Lee, David “Roflcopter” Young et Andrew “MiST” Rodrigues, chacun venant d’une des quatre équipes de la phase finale. Tous ont plusieurs points communs, leur passion pour la compétition, avoir commencé très jeune les jeux vidéo et les difficultés de lier passion et famille. MichaelUdall est celui dont on entend le plus sa vie sociale. Sa première expérience était avec son frère sur le jeu Halo, il est ensuite passé sur ordinateur. Même parcours pour Roflcopter qui commencé par Crash Bandicoot puis StarCraft. Pour MichaelUdall et DanLeeFor3,  les jeux vidéo étaient source de conflit avec les parents, ils trouvaient les jeux vidéo comme une perte de temps, et ces derniers ne s'y intéressaient pas. C’est quelque chose que les joueurs connaissent tous. Pourtant, il est difficile de blâmer les parents. Pour eux, il s’agit de quelque choses de nouveau qu’ils assimilent à un jeu, un moyen de se détendre et s’amuser. Cela rentre naturellement en conflit avec les études, et il y a le facteur santé, dont nous n’allons pas rentrer en détails ici. Il y a aussi les autres personnes, comme pour MichaelUdall et ses amis, qui associent les jeux à l’univers de l’enfance. Anna Prosser Robinson parle de “stéréotype, stéréotype, stéréotype”.

En réalité, l’excès est mauvais, mais cela concerne toutes les choses : l’alcool, le tabac et les jeux vidéo. Nous avons un bon exemple dans le documentaire en la personne de MiST. Ce dernier le dit lui même : qui, rien qu’en le regardant, peut dire que le jeu vidéo est sa passion numéro 1.

Dans une conférence de presse, Parham “Pham” Emami, coéquipier de MichaelUdall, explique qu’il est possible de lier université et eSport, il suffit d’être motivé et d’avoir de la volonté. MichaelUdall enchaîne en plaisantant que cela exclut une vie sociale, puis reprend plus sérieusement :”le secret, il faut choisir deux éléments parmi trois possibles : vie sociale, eSport et université.” Ce sont les même choix que font tous les jeunes sportifs professionnels. Que l’on soit dans le sport ou dans l’eSport, le résultat ne vient qu’avec de nombreuses heures d’entraînement comme le montrent les propos de Mark Cuban, Hunter Pence, joueur professionnel de baseball chez les Giants de San Francisco, et Rick Fox, ancien joueur NBA et propriétaire d’un équipe eSport Echo Fox. Pour Hunter Pence, le haut niveau est synonyme de détermination et discipline “comme dans la vrai vie”. Pour Rick Fox, “on n’atteint pas le haut niveau sans entraînement”, l’eSport exige une présence physique (en bonne santé), une capacité à rester concentrer, réfléchir, analyser, voir ce qui échappent aux autres. Et pour Mark Cuban : “il faut être assez fort physiquement (pratiquer une activité physique), mentalement et émotionnellement pour réussir, voilà en quoi [l’eSport] est un sport”. La seule différence, entre l’eSport et le sport, est que faire du football à au niveau est mieux accepté par la société qu’être pro dans Heroes of the Storm. Mais peut-être qu’un jour cela va changer.


L’eSport de demain ?

Dans le dernier quart d’heure, le documentaire conclut sur l’avenir de l’eSport. L'anecdote d’Anna Prosser Robinson décrit bien l’avenir du phénomène. Avant, on lui disait : “Allez encore ces gosses qui perdent leur temps sur des jeux” maintenant beaucoup plus de gens cherchent à s’y intéresser, c’est ça qui montre que l’eSport continuera encore de progresser. Pour Artosis, ce genre de tournoi amateur et ces personnes comme les Brosens donnent un boost à l’eSport. Le joueur David “Roflcopter” Young présente le jeu comme une passion, où il possible de gagner un peu d’argent, des sommes “pas immenses mais intéressantes”. C’est aussi, pour lui, un moyen de rencontrer des gens, argument partagé par le musicien et joueur deadmau5. Ce dernier préfère la stratégie du jeu d’équipe, ce qui crée encore plus de partage. 

Il explique que tout le monde aime se défier, l’eSport est un défi lancé entre des personnes, et grâce à internet, au monde. Toujours dans cette optique de défi, Paresh Dave, journaliste spécialisé technologie au Los Angeles Times, définit l’eSport comme une branche du jeu vidéo où l’on veut montrer qu’on est le meilleur. Pour Hunter Pence, regarder l’eSport, “c’est comme regarder n’importe quel sport physique, il y a des moments intenses, décisifs, faire la bonne action, faire la bonne passe.”

Blizzard a annoncé la mises en places de deux nouvelles ligues pour Heroes of the Storm et Overwatch ce qui est très novateur et ô combien intéressant. Avec ça, l’eSport n’a pas fini de progresser. Il ne reste qu’à vous de choisir votre place : parmi les fans ou parmi les joueurs.

1 commentaire - [Poster un commentaire]


Chargement des commentaires...

Poster un commentaire

Vous devez vous identifier pour poster un commentaire.
Nombre de visites sur l'accueil depuis la création du site Heroes of the Storm : 12.967.576 visites.
© Copyright 1998-2024 JudgeHype SRL. Reproduction totale ou partielle interdite sans l'autorisation de l'auteur. Politique de confidentialité.